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VENTE AUX ENCHERES SUR INTERNET A PARTIR DUN SIT WEB HEBERGE AUX ETATS-UNIS
Les dispositions de la loi du 27 ventôse an 9, étendues par les dispositions de la loi du 28 avril 1816 dans son article 89, prévoient que lorganisation et la réalisation des ventes aux enchères dobjets mobiliers se trouvant en FRANCE sont réservées aux seuls commissaires priseurs. Ces textes, fort anciens, sont aujourdhui confrontés aux techniques modernes, et notamment au réseau Internet. Il y a 200 ans, le législateur naurait su prévoir que des sites internet puissent proposer à des internautes domiciliés en FRANCE de participer à une vente en ligne dobjets mobiliers et dart. Pourtant, aujourdhui, ce genre de vente est excessivement facile à organiser. Ainsi, une vente aux enchères à partir dun site internet hébergé aux Etats-Unis a été récemment organisée, portant sur des biens mobiliers dart se trouvant en France. Toute loriginalité de cette affaire vient du fait que le mobilier concerné se trouvait à la fois virtuellement sur le réseau internet, en étant ainsi consultable dans le monde et par nimporte qui, mais était surtout présent physiquement dans un salon dexposition situé en France, à Paris. Le Tribunal de Grande Instance de Paris a considéré que de telles ventes aux enchères en ligne dobjets se situant en France et sadressant notamment à des internautes domiciliés en France, constituaient une immixtion dans lorganisation et la réalisation des ventes aux enchères dobjets mobiliers se trouvant en France, réservées par la loi aux seuls commissaires priseurs. (Tribunal de Grande Instance 3 mai 2000, Jurisdata n°110324) Le jugement relève que cette immixtion et le préjudice en résultant, subi par la profession des commissaires priseurs, ayant été constatés et subis à Paris, cest à bon droit que les demandeurs ont soumis leurs prétentions au Tribunal de Grande Instance de Paris. Il est précisé que la vente aux enchères en ligne présente toutes les caractéristiques dune vente publique, puisquelle est accessible à tout internaute intéressé, sous la condition dune inscription préalable et dune adhésion aux clauses du contrat de vente en ligne, inscription préalable qui a pour seul objet dindividualiser et didentifier lenchérisseur. Le Tribunal de Grande Instance a alloué la somme de 1,00 F à titre de dommages et intérêts aux demandeurs et a fait en outre interdiction au défendeur de simmiscer de quelque manière que ce soit dans des opérations relevant du monopole des commissaires priseurs. Le jugement constate que relevée est constituée par une vente aux enchères en ligne dobjets mobiliers, objets mobiliers situés en France. On peut donc a contrario penser que telle décision ne saurait être étendue pour le cas où les objets mobiliers concernés ne se trouveraient pas physiquement en exposition sur le territoire français. En effet, il semble difficilement concevable dinterdire toute vente dobjets mobiliers aux enchères sur internet et dans le monde pour préserver le monopole dont disposent les commissaires priseurs français, monopole que lon sait par ailleurs aujourdhui condamné.
Maître Françoise SIBAUD Avocat au Barreau de Paris BP 270 75770 Paris Cedex 16 ( : 01.53.64.24.24.. : : 01.40.67.90.40. Portable : 06.88.15.89.45.
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